Canada : histoire

Jacques Cartier
Jacques Cartier

Résumé

xe-xvie siècle : La découverte

Le premier peuplement du Canada est constitué par des tribus amérindiennes puis inuites. À la recherche du passage Nord-Ouest, Jean Cabot longe en 1497, le littoral terre-neuvien jusqu’au cap Breton. Au début du xvie siècle, le Florentin Verrazzano, au service de François Ier, baptise l’arrière-pays « Nouvelle-France ». La découverte s’amplifie avec les voyages de Jacques Cartier (1534, 1535-1536 et 1541-1542), qui remonte le Saint-Laurent jusqu’au site de Montréal.

xviie siècle : La colonisation de la Nouvelle-France

Champlain entreprend la colonisation de l’Acadie et fonde la ville de Québec (1608). Richelieu crée la Compagnie des Cent-Associés, chargée de coloniser le pays. Mais l’immigration est faible, et les Français et les Indiens qui leur sont alliés doivent faire face aux incursions des Iroquois. En 1663-1664, Louis XIV réintègre le Canada dans le domaine royal et le dote d’une nouvelle administration.

xviiie siècle : Le Canada britannique

Les Anglais (environ 100 000), établis sur la côte atlantique, se sentant menacés, attaquent les Français ; à l’issue de la guerre de Sept Ans (1756-1763), la France cède tout le Canada à la Grande-Bretagne (traité de Paris).

L’arrivée massive de loyalistes américains après l’indépendance des États-Unis provoque la création de la province du Nouveau-Brunswick (1784) et la division de la province de Québec en deux colonies : le Bas-Canada francophone (le Québec actuel) et le Haut-Canada anglophone (l’actuel Ontario), l’ensemble étant dirigée par la métropole britannique.

xixe siècle : Le Canada-Uni

La domination de cette dernière aboutit à la rébellion de 1837, qui, une fois matée, donne naissance en 1841 à une union forcée entre les deux provinces. Celle-ci évolue toutefois vers le schéma du dominion ou de la Confédération, avalisé en 1867 (et dont la Constitution sera finalement, symboliquement, rapatriée en 1982).

1867-1931 : Vers l'indépendance

Depuis, sans cesse étendu vers l’ouest et ouvert à l’immigration, le Canada, qui connaît une forte croissance agricole, minière, et industrielle, peut s’engager sur la voie d’une autonomie croissante envers la mère-patrie, ce qui ne l’empêche pas de contribuer à son effort de guerre lors de la Première Guerre mondiale. Le Canada acquiert sa véritable indépendance en tant que membre du Commonwealth avec le statut de Westminster de 1931.

De nos jours

Élément stratégique de l’Alliance contre les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie) pendant la Seconde Guerre mondiale, le Canada fait dès lors figure de second et partenaire du grand voisin américain, avec lequel il signe un accord de libre-échange en 1988, étendu au Mexique en 1992 (ALENA).

Les dividendes de la croissance des Trente Glorieuses permettent aux gouvernements libéraux du Canada de développer un État-providence, qui, malgré des remises en cause dans les années 1980 et 1990, demeure, avec le multiculturalisme instauré au même moment et la question du particularisme voire du séparatisme québécois que cette politique était censée résoudre, un des caractères identitaires d’une jeune nation toujours en formation – et en expansion.

1. Le régime français (xvie-xviiie siècle)

1.1. La découverte

Le premier peuplement du Canada est constitué par des tribus indiennes, dispersées à travers d'immenses étendues du Pacifique à l'Atlantique. Dans le dernier quart du ixe s., des Irlandais chassés d'Islande se fixent sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent. Surviennent ensuite, au début du xie s., les Islandais du Groenland, sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador.

En 1497, Jean Cabot longe le littoral terre-neuvien jusqu'au cap Breton. Par la suite, à la recherche d'un passage de l'Atlantique au Pacifique vers les pays des épices asiatiques, surviennent des navigateurs portugais, espagnols, anglais et français. En 1524, voguant sous le pavillon de François Ier, le Florentin Verrazzano donne à l'hinterland nord-atlantique le nom de « Nouvelle-France ».

En 1534, Jacques Cartier, à la recherche d'un itinéraire nouveau vers l'Orient découvre le « pays de Canada ». Lors d'un deuxième voyage (1535-1536), il remonte le Saint-Laurent jusqu'aux lieux actuels de Québec et de Montréal. Faute d'y trouver des métaux précieux, une tentative de colonisation sous Cartier et Roberval reste sans suite. Un troisième voyage (1541-1542) est entrepris par Cartier, Roberval et « vingt hommes laboureurs », toujours pour rechercher une voie maritime vers la Chine. Dès lors, seuls les pêcheurs de morue et les traiteurs de fourrures visitent les eaux canadiennes.

En 1603, le premier voyage de Champlain s'effectue sous les ordres de François Gravé Du Pont (ou Dupont-Gravé).

1.2. Les débuts de la colonisation

En 1604, une première tentative de colonisation sérieuse est tentée en Acadie pour le titulaire du monopole commercial, Pierre du Gua, sieur de Monts. Champlain est le géographe du voyage. En 1608, celui-ci fonde Québec, qui reste, sous un régime de compagnies de commerce avec vice-rois, un comptoir de fourrures opposé à toute colonisation, mais d'où partent les missionnaires récollets et jésuites pour évangéliser les Indiens.

En 1627, Richelieu crée la Compagnie de la Nouvelle-France ou des Cent-Associés, à qui il cède la propriété du pays avec monopole du commerce, à charge de le coloniser de Français catholiques. Prise par les Anglais en 1629, Québec revient à la France en 1632 par le traité de Saint-Germain-en-Laye.

Alors s'organise la première colonisation sous Champlain : des seigneurs, ou concessionnaires, reçoivent de vastes étendues de terre, dites « seigneuries », qu'ils doivent concéder à des censitaires. Faute de capitaux et d'émigrants, la colonisation languit, malgré la contribution des communautés religieuses et les fondations de Trois-Rivières (1634) et de Ville-Marie (1642), devenue par la suite Montréal.

Une petite population de 300 âmes ose fonder une société d'exploitation de la traite des fourrures, seul soutien économique du pays. De cette communauté des habitants sort le Conseil de Québec, qui, élu par le peuple, administre la finance et le commerce. Mais le pays doit subir pendant des années la guérilla des Iroquois, dressés contre les Français et les Hurons, dont l'alliance élimine leur rôle d'intermédiaires de la traite entre les tribus de l'Ouest et les Hollandais de Manhattan (New York).

1.3. Organisation et mise en valeur de la Nouvelle-France de 1660 à 1713

Louis XIV, Colbert et Jean Talon

Devant la détresse de la colonie, qui s'aggrave de la ruine des Cent-Associés et d'une querelle politico-religieuse au sujet de la vente de l'alcool aux Indiens, Louis XIV, sur les conseils de Colbert, confie le monopole du commerce canadien à une nouvelle société, celle des Indes occidentales (Compagnie française des Indes occidentales ; il réintègre le pays dans le domaine royal (1663) et le dote d'une nouvelle administration, avec gouverneur, évêque et intendant, assistés d'un conseil souverain investi de quelques fonctions politiques. Il dépêche le régiment de Carignan-Salières, qui force les Iroquois à signer une paix qui durera près de vingt ans.

Pour favoriser le peuplement, Colbert fait partir chaque année des émigrants – artisans et agriculteurs –, ainsi que des « engagés » pour trois ans, qui prennent ensuite des terres. De son côté, l'intendant Jean Talon se révèle un organisateur de génie, convertissant en « habitants » une partie des soldats du roi et faisant venir de France de nouvelles épouses pour les célibataires, concédant de nouvelles seigneuries, assistant les colons, distribuant des allocations aux familles nombreuses, important des animaux domestiques, des plantes (fruits et légumes), recrutant des artisans de tous métiers, activant l'agriculture, les pêcheries et la petite industrie.

Produisant bientôt de quoi se nourrir et se vêtir, la colonie passe en vingt ans de 2 000 âmes en 1660 à 10 000 en 1680. C'est à partir du Saint-Laurent que se fait la colonisation. Chaque exploitation est « en devanture » du fleuve et s'étend plus ou moins en profondeur selon la progression des abattis : c'est le « rang ». À la fin du régime français, les rives du Saint-Laurent étant presque entièrement occupées, on ouvre les seconds rangs, plus éloignés de l'eau et accolés au chemin.

Après l'arrêt de l'immigration systématique, la Nouvelle-France progresse lentement, l'agriculture constituant sa base économique. D'une contrée fertile et libre, le colon tire blé, fruits, légumes, bois, gibier et poisson, et, ne payant ni gabelle ni taille, il vit « plus heureux que ce qu'on nomme en France les bons paysans ». Le pays bénéficie de la traite des fourrures, métier dur qu'exercent les coureurs des bois, en canot d'écorce en été et les raquettes aux pieds en hiver.

En même temps se poursuit l'exploration de l'intérieur du pays : Denys de Saint-Simon remonte le Saguenay (1671) ; Perrot explore la région du lac Supérieur (1672) ; Du Luth visite le pays du haut Missouri (1680) ; Joliet atteint le Mississippi (1673), et La Salle, descendant ce fleuve, découvre la Louisiane (1682). Un nouveau gouverneur, Louis de Buade, comte de Frontenac, a su durant cette période maintenir la paix avec les Indiens.

Un territoire convoité

Établie sur les deux rives du Saint-Laurent, de Québec à Montréal, avec un hinterland s'étendant du Labrador au Mexique, la Nouvelle-France vit en partie repliée sur elle-même, quand les Iroquois déclenchent une nouvelle guerre de la fourrure (1684), à laquelle s'ajoute la guerre de la ligue d'Augsbourg. Frontenac repousse devant Québec l'escadre britannique de Phipps (1690), et le Canadien Le Moyne d'Iberville conquiert la baie d'Hudson (1697). Le traité de Ryswick 1697) laisse intacte la colonie, et les Iroquois signent (1701) une paix qui se prolongera quarante ans.

La guerre de la Succession d'Espagne rouvre les hostilités au Canada, mais les deux tentatives d'invasion de Walker par mer et de Nicholson par terre échouent en route (1711).

Il en est autrement de l'Acadie, la petite colonie de l'Atlantique. Toujours négligée, elle s'est quelque peu organisée sous Razilly et Menou d'Aulnay (1632-1650), avec une population agricole de 500 âmes. Conquise et rétrocédée trois fois par les Anglais, dont elle barre la route des pêcheries de Terre-Neuve, elle est prise de nouveau en 1710 et cédée à l'Angleterre par le traité d'Utrecht (1713). Pour garder l'entrée du Saint-Laurent, la France s'établit alors sur l'île du Cap-Breton, y bâtissant la forteresse de Louisbourg, bastion du Canada et port d'escale des flottes de guerre et de pêche.

1.4. La fin du régime français (1713-1763)

Une faible immigration

Après le traité d'Utrecht, la Nouvelle-France profite d'une longue et fructueuse période de paix. Le prix des fourrures subissant une forte baisse, l'agriculture connaît un essor rapide et considérable. Tous les objets manufacturés – draps, toiles, outils, vaisselle, quincaillerie – viennent de France, les importations se chiffrant à une moyenne de 2 millions de livres par an. L'exportation consiste en pelleterie, bois de construction, goudron, chanvre et lin. Elle reste presque toujours inférieure à l'importation. Exploitant une mine de fer, les forges de Saint-Maurice fabriquent des ustensiles, des poêles et des boulets. Un chantier naval construit, à la fin du régime, des navires et même des frégates.

Mais la Nouvelle-France manque de bras pour exploiter son immense domaine, que les explorations de La Vérendrye et de ses fils ont étendu jusqu'aux Rocheuses (1731-1743). L'immigration a pratiquement cessé dès le début des guerres de Louis XIV contre l'Europe coalisée. En soixante ans (1680-1740), il ne viendra qu'environ 5 000 immigrants. Seul le croît naturel a permis au pays de grandir, passant de 16 000 âmes au début du siècle à 70 000 à la fin du régime français.

En face de cette faiblesse, les colonies anglaises, fortes de 1 500 000 hommes, supportent mal d'être endiguées par la frontière canadienne, qui leur ferme la route de l'intérieur. La guerre de la Succession d'Autriche leur permet de s'emparer de Louisbourg, qui sera restitué à la France par le traité d'Aix-la-Chapelle (1748).

La conquête anglaise

Bientôt survient la guerre de Sept Ans, et l'Angleterre décide de conquérir à tout prix le Canada. Trois ans de suite, Montcalm arrête l'attaque par des victoires, notamment au fort Carillon (1758), mais, devant la flotte de Saunders et les soldats de Wolfe, l'armée française est vaincue aux plaines d'Abraham (1759) ; les deux commandants trouvent la mort dans la bataille. La victoire de Lévis à Sainte-Foy, l'année suivante, est inutile, et la Nouvelle-France doit capituler à Montréal le 8 septembre 1760. Le traité de Paris la cède définitivement à l'Angleterre en 1763.

Dans l'intervalle, l'Acadie est devenue la Nouvelle-Écosse (1713). L'occupation anglaise s'y réduit à la garnison et aux habitants de Port-Royal (rebaptisé Annapolis Royal), la population du pays se composant de 2 000 Acadiens, presque tous agriculteurs. Lors de la guerre de la Succession d'Autriche, la France tentera sans succès de reprendre son ancienne colonie (1746).

Pour mieux se protéger, l'Angleterre fonde Halifax (1749), où elle installe d'un seul coup 2 500 émigrants. En 1755, Londres veut exiger de ses sujets acadiens, maintenant au nombre d'environ 16 000, un serment d'allégeance sans restriction, c'est-à-dire sans l'exemption du service militaire contre la France. Ils refusent inébranlablement. Alors le gouverneur Lawrence fait embarquer pêle-mêle, sans souci des liens de famille, tous ceux que la troupe peut saisir, environ 6 000 personnes, avec ordre de les disperser dans les colonies américaines, du Massachusetts à la Géorgie. Le reste de la population réussit à s'enfuir à travers le pays. C'est l'épisode du « grand dérangement ». Les terres sont distribuées à des colons anglais. Trois ans plus tard (1758), la Nouvelle-Écosse est dotée d'une Assemblée législative, devenant ainsi la première province canadienne à posséder le régime parlementaire.

2. Le régime anglais

2.1. Les débuts du régime anglais (1763-1837)

L'Acte de Québec

Après le traité de Paris, la proclamation royale du 7 octobre 1763 partage la Nouvelle-France. Les îles du Cap-Breton et du Prince-Édouard sont rattachées à la Nouvelle-Écosse. La vallée du Saint-Laurent, de Gaspé au lac Nipissing, forme la province de Québec, et le reste du pays, au nord et à l'ouest de l'Ottawa (ou Outaouais), constitue un territoire de chasse interdit à la colonisation, tandis que les terres de la baie d'Hudson demeurent la propriété de la compagnie de fourrures du même nom, à laquelle l'Angleterre les a concédées en 1670.

Dans la province française, grâce à la largeur d'esprit de Londres et surtout des deux premiers gouverneurs, James Murray (de 1763 à 1768) et Guy Carleton, baron Dorchester (de 1768 à 1778), les Canadiens obtiennent le libre exercice de leur religion et l'usage de leur langue. Leur première loi constitutionnelle, l'Acte de Québec (22 juin 1774), leur rend ensuite les anciennes lois françaises, tout en maintenant le droit criminel anglais. Le gouvernement est confié à un gouverneur, assisté d'un conseil législatif où, exemptés des serments antipapistes, siègent des Canadiens français et catholiques.

La révolution des colonies américaines

À ce moment, où la population anglaise n'atteint pas 1 000 âmes, éclate la révolution des colonies anglaises d'Amérique, dont les armées envahissent le Canada sous Montgomery. Des Anglo-Canadiens les appuient de leur influence, réussissant à recruter quelques centaines de partisans québécois, mais l'élite française et le clergé se rangent aux côtés de leur nouvelle mère patrie, les miliciens de Québec prenant leur part à la défaite de Montgomery sous les murs de la ville (1775). En définitive, c'est le loyalisme canadien-français qui garde la colonie à l'Angleterre.

À la suite du traité de Versailles (1783), qui reconnaît l'indépendance des États-Unis, il se produit une nombreuse émigration au Canada de « loyalistes », c'est-à-dire de colons américains restés fidèles au drapeau britannique. 16 000 à 17 000 d'entre eux s'établissent dans le Québec, le long du haut Saint-Laurent et du lac Ontario, et réclament sans tarder les lois anglaises et les institutions parlementaires. Se rendant à cette demande, Londres, par l'Acte constitutionnel du Canada (10 juin 1791), divise le territoire laurentien en deux, la province française du Bas-Canada, qui va du Labrador au lac Saint-François, et la province anglaise du Haut-Canada, qui s'étend du lac Saint-François aux territoires de la baie d'Hudson. Chaque province reçoit un régime parlementaire comprenant, sous un gouverneur, un Conseil exécutif, responsable devant le seul gouverneur, un Conseil législatif, nommé par le roi, et une Assemblée législative élue par le peuple. Chaque élément se trouve maître chez lui, avec cette différence que, dans le Bas-Canada, si le peuple est français, avec une majorité dans l'Assemblée, l'Administration et le haut commerce sont anglais, avec une majorité de représentants dans les Conseils exécutif et législatif.

Quant à la Nouvelle-Écosse, elle a vu affluer sur son territoire plus de 25 000 loyalistes, pendant qu'un autre contingent de 15 000 s'est fixé le long de la rivière Saint-Jean, sur la rive nord de la baie de Fundy. D'autres groupes, moins nombreux, ont pris des terres, les uns dans l'île du Cap-Breton et les autres dans l'île du Prince-Édouard. À la suite de cette immigration, Londres crée (1784) deux nouvelles provinces : celle du Nouveau-Brunswick et celle de l'île du Cap-Breton, rattachée dès 1820 à la Nouvelle-Écosse, et accorde à chacune des institutions parlementaires.

Les provinces canadiennes sont peuplées, au début du xixe s., d'environ 430 000 hommes, ainsi distribués : Bas-Canada, 250 000 ; Haut-Canada, 70 000 ; Nouvelle-Écosse, 65 000 ; Nouveau-Brunswick, 35 000 ; île du Prince-Édouard, 9 000 ; île du Cap-Breton, 2 000. Leur grande et presque unique occupation est l'agriculture, qui suffit à leur alimentation, mais leur commerce – fourrures, bois et pêche – s'accroît d'année en année.

La guerre de l'Angleterre contre les États-Unis et l'afflux d'immigrants

La guerre de 1812 entre l'Angleterre et les États-Unis fait alors du Canada un champ de bataille : les victoires de Brock à Queenston Heights (1812), de Salaberry et des Canadiens français à Châteauguay (1813) et de Morrison et de ses troupes (les « réguliers ») à Crysler's Farm (1813) libèrent le pays des invasions américaines jusqu'au traité de Gand, qui rétablit la paix (1814). Cette guerre a été aussi une nouvelle occasion pour le Bas-Canada de prendre position en faveur du régime anglais.

La fin des guerres napoléoniennes permet de diriger sur le Canada une émigration militaire à laquelle les autorités accordent des terres et des provisions. Quelques années plus tard, le passage de l'agriculture à l'élevage et l'introduction du machinisme en Angleterre déclenchent des exodes massifs vers les provinces canadiennes : environ 120 000 émigrants entre 1827 et 1832. Cette main-d'œuvre sert à pousser la construction de nombreux canaux, dont le canal Rideau, reliant Ottawa à Montréal, et le canal Welland, joignant les lacs Ontario et Érié. L'amélioration des transports active la colonisation et la production agricole, qui provoquent de leur côté, aux points stratégiques des échanges, la formation de petites villes, bientôt pourvues d'industries locales. En 1832, la population de tout le pays s'élève à 1 400 000 personnes.

2.2. Les rébellions de 1837

La situation politique se complique dans presque toutes les provinces. Leurs gouvernements représentatifs ne sont pas encore responsables devant le peuple. Ce régime paraît bientôt insuffisant en raison des antagonismes de classes et d'intérêts. Le monde politique s'est divisé : d'un côté s'est formé un parti populaire, comprenant la majorité des députés et de la population, qui réclame des réformes et une participation plus efficace dans la direction des affaires publiques ; en opposition s'est dressé le parti du statu quo, que constituent, autour des gouverneurs des provinces, les Conseils exécutif et législatif, appuyés par le haut commerce et les notables locaux.

William Lyon Mackenzie

Dans le Haut-Canada, la lutte s'engage entre les réformistes, représentant l'élément populaire, et le Pacte de famille, unissant les hauts fonctionnaires et les principaux négociants, à propos des terres publiques réservées à l'Église anglicane ou concédées aux favoris du régime. Menée par Bidwell, Ralph, Baldwin et surtout William Lyon Mackenzie, la lutte dure des années, visant à imposer la suprématie de l'Assemblée législative. Sur le point de toucher au but, le parti populaire est défait par l'intervention autocratique du gouverneur, sir Francis Bond Head. Désespérant de triompher par la voie constitutionnelle, Mackenzie lève l'étendard de la révolte, en décembre 1837, et marche contre Toronto, capitale de la province. Partout, les rebelles sont battus : 23 sont exécutés et 83 exilés en Australie.

Louis Joseph Papineau

Dans le Bas-Canada, les rivalités politiques sont plus complexes encore : 120 000 Français catholiques, en majorité de la classe paysanne, s'opposent à 10 000 Britanniques protestants, détenteurs de la finance et du commerce. L'élément français domine complètement dans l'Assemblée législative, tandis que le camp adverse possède la majorité dans les Conseils exécutif et législatif.

Sous la direction de Louis Joseph Papineau, chef du « parti canadien », élu en 1815 président de l'Assemblée de Montréal, la lutte s'engage autour des crédits budgétaires, dont la Chambre réclame la libre disposition, que lui refusent le gouverneur et la majorité anglaise des conseils, surnommée la « clique du château ».

La répression de lord Durham

Quant à l'Angleterre, elle n'est pas encore prête à reconnaître à une colonie le droit de se gouverner elle-même en dehors des instructions des gouverneurs. La lutte s'exacerbe. Lorsque le gouverneur refuse en 1834 de tenir compte des 92 Résolutions, formulées contre les abus du régime, et quand Londres autorise le même gouverneur à disposer des deniers publics sans l'assentiment de la Chambre, Papineau et ses « patriotes » déclenchent une campagne de boycott économique et d'insurrections armées. Le gouverneur Gosford ordonne l'arrestation des chefs, et la révolution éclate (1837). Après une première victoire, les rebelles sont écrasés.

L'Angleterre suspend la Constitution provinciale et dépêche un gouverneur, lord Durham, revêtu de pouvoirs dictatoriaux. Ce dernier exile huit chefs patriotes, mais sa décision est désavouée par Londres. Durham rentre en Angleterre et de nouveaux soulèvements se produisent, qui sont suivis de l'exécution de douze rebelles.

2.3. Les progrès de l'autonomie et du régime parlementaire (1838-1867)

Le Canada-Uni

Après l'échec des deux rébellions, lord Durham présente au ministère un rapport, où il recommande l'anglicisation de l'élément français en assurant la supériorité à l'élément britannique. Il préconise l'établissement d'un gouvernement responsable devant le peuple pour les questions provinciales. À la suite de ce rapport, le Parlement britannique dote le pays d'une nouvelle Constitution, l'Acte d'union de 1840, entré en vigueur en 1841.

Cette loi organique unit le Haut-Canada anglais et le Bas-Canada français en une seule province, le Canada-Uni, avec un gouverneur, nommé par le roi, un Conseil législatif, nommé de même, et une Assemblée législative élue par le peuple. L'exécutif est confié à un conseil de huit députés choisis par le gouverneur, mais sans responsabilité devant la Chambre. Pratiquement, tout le budget relève du vote de la législature. Instrument d'anglicisation, la Constitution accorde à chaque province un nombre égal de députés, quoique la province anglaise soit nettement moins peuplée que la française. En outre, elle ne reconnaît plus le français comme langue officielle.

Cette nouvelle forme de gouvernement marque pourtant un progrès sur l'ancienne Constitution, où dominait le gouverneur. Les anciens réformistes s'empressent de l'utiliser pour l'obtention d'un gouvernement responsable devant la législature. Bientôt, afin d'assurer la stabilité de l'Administration, les gouverneurs doivent graduellement choisir des conseillers exécutifs soumis aux dictées de la Chambre. En moins de huit ans, sous la direction de Louis Hippolyte Lafontaine et de Robert Baldwin, le gouverneur James Bruce, comte d'Elgin, avec l'approbation du secrétaire britannique aux Colonies, lord Grey, reconnaît officiellement le principe de la complète responsabilité du ministère devant l'Assemblée législative. Dès lors (1848), tout en conservant une influence considérable, les gouverneurs du Canada président l'Administration, mais ne la dirigent plus.

Les Provinces maritimes rencontrent les mêmes problèmes que les Provinces canadiennes. Après la prospérité que lui apporte la guerre de 1812, la population grandissante revendique une plus grande participation à l'administration des affaires publiques. Sous la direction de Joseph Howe, la Nouvelle-Écosse réussit graduellement à étendre le champ d'action de la législature, si bien que, en 1848, sans coup de force, elle est la première province à posséder le plein régime parlementaire. Au Nouveau-Brunswick, la lutte pour l'extension des droits de l'Assemblée se fait par étapes. Le premier ministère responsable ne se forme qu'en 1852. Dans l'île du Prince-Édouard, où sévit l'absentéisme des grands propriétaires, le citoyen s'intéresse plus à la question des terres qu'à la réforme parlementaire. L'évolution politique progresse lentement, et la responsabilité des ministres devant la Chambre ne sera reconnue qu'en 1851. Dans le Canada-Uni, une des premières initiatives parlementaires est d'obtenir la restauration du français au rang de langue officielle (1848).

Expansion économique et démographique

À ce moment s'ouvre pour le pays une période de prospérité. La construction des grandes routes, des chemins de fer et des canaux fait monter les salaires. À l'occasion de la guerre de Crimée (1854), le prix du blé double et la valeur des terres s'accroît, grâce également au traité de réciprocité commerciale avec les États-Unis (1854).

La sécularisation des terres du clergé protestant dans le Haut-Canada et l'abolition de la tenure seigneuriale dans le Bas-Canada décuplent la colonisation. L'abondance du travail et les terres bon marché attirent des vagues d'émigrants (57 000 dans la seule année 1857). Les campagnes se peuplent et la production agricole double. Les villes grandissent, où viennent s'installer de nombreuses manufactures.

Dans les Provinces maritimes se développent spécialement les pêcheries et la construction des navires. La population totale des cinq provinces passe de 2 382 000 en 1851 à 3 169 000 en 1861. Toutefois, les provinces qui se partagent le territoire canadien restent isolées, constituant chacune une colonie indépendante des autres.

2.4. Vers l'Union

Cependant, le rapide progrès du pays finit par se ralentir : l'arrêt des grands travaux publics, la baisse du prix du blé et la dénonciation du traité de réciprocité américain amènent un bouleversement des marchés, provoquant bientôt une crise économique, entre 1860 et 1870.

Devant le marasme des affaires, les Provinces maritimes, mécontentes du traité de réciprocité qui a ignoré leurs pêcheries, ainsi que de l'abandon du projet canadien d'un chemin de fer interprovincial, songent à former une union politique qui leur assurerait une économie des services publics et une extension des marchés.

Dans l'intervalle, l'union des deux provinces canadiennes, loin d'amener l'assimilation de l'élément français par l'élément anglais, a, au contraire, renforcé l'influence française, grâce à la plus grande cohésion de ses représentants. Dans chaque province, avec l'apparition de questions régionales, les députés se divisent en plusieurs partis, dont les programmes se compliquent de l'opposition de religion et de langue. Cet état de choses rend bientôt impossible toute stabilité gouvernementale : les ministères ne se maintiennent que peu de temps, à l'aide de compromis et de tractations. Il en résulte une véritable stagnation politique, aggravée par la menace d'une invasion des États-Unis, par la crise économique, les difficultés financières des chemins de fer et la fermeture du marché américain.

Alors se formule le projet d'une union des cinq provinces, union qui doublerait les forces militaires, décuplerait le volume des échanges et construirait une patrie plus grande, plus riche et plus forte.

C'est ce projet que les délégués du Canada présentent au congrès des Provinces maritimes en septembre 1864. Leur plaidoyer reçoit l'assentiment général et, un mois plus tard, les mêmes délégués élaborent le plan de constitution de la future Fédération canadienne. Après des hésitations, la Grande-Bretagne se rallie au projet. Son adoption ne se fait pas sans difficultés : l'île du Prince-Édouard refuse d'y participer, et le Nouveau-Brunswick s'y oppose par un vote populaire. Mais Londres et le Canada-Uni, l'un par pression administrative et l'autre par l'usage des fonds secrets, obtiennent les adhésions nécessaires, aidés, d'ailleurs, par la dénonciation du traité de réciprocité américain et par l'invasion du Canada (1866) par des insurgés irlandais, les Fenians (Fraternité républicaine irlandaise). Finalement, la réunion des délégués des provinces à Londres, en décembre 1866, règle les termes de la fédération, et le Parlement britannique en fait l'objet d'une loi, qui, votée le 29 mars 1867 et promulguée par la reine Victoria, prend effet le 1er juillet suivant.

3. Un siècle de croissance et d'expansion

3.1. La Confédération canadienne

Sous le titre d'« Acte de l'Amérique du Nord britannique », la loi de 1867, qui forme la Constitution canadienne, crée un nouvel État, la Confédération du Canada, unissant les quatre provinces du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, du Haut-Canada (l'Ontario) et du Bas-Canada (le Québec). Elle reconnaît à cet État son autonomie intérieure et l'usage de l'anglais et du français, et répartit les pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les provinces.

Expansion territoriale

La nouvelle fédération n'embrasse pas tout le territoire canadien. À l'ouest de l'Ontario, la terre de Rupert appartient depuis 1670, par concession de Charles II, à la Compagnie de la baie d'Hudson et englobe tout le bassin hydrographique de la baie de ce nom.

Au-delà de ce domaine se situent, exploités à bail par la même compagnie, les Territoires du Nord-Ouest, qui s'étendent jusqu'aux Rocheuses. Ces deux régions sont uniquement des pays de chasse à la fourrure, malgré la fondation, en 1811, par lord Selkirk, d'une petite colonie agricole au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. L'établissement progresse avec lenteur, quand le Canada, ayant acquis par achat toute la région (1869), érige cette petite colonie de la Rivière-Rouge en province du Manitoba, qui, après un bref soulèvement des métis anglais et français dirigés par Louis Riel, se joint à la Confédération canadienne (1870). En 1885, Louis Riel, revenu d'exil pour se mettre à la tête d'une nouvelle révolte des métis dans le district de Saskatchewan, sera vaincu et exécuté.

Quant au territoire à l'ouest des Rocheuses jusqu'au Pacifique, découvert par les Espagnols (1774), reconnu par Cook (1778) et revendiqué par Vancouver (1792), il s'est faiblement peuplé autour des deux centres de Victoria et de Vancouver. Constitué en province sous le nom de Colombie-Britannique, il s'unit à son tour, en 1871, au Canada fédéré. Finalement, jusque-là récalcitrante, l'île du Prince-Édouard suivra cet exemple en 1873.

Sir John Alexander Macdonald

Englobant tout le territoire de l'Atlantique au Pacifique et groupant 3 millions d'habitants, le Canada, sous la direction du ministère conservateur John Alexander Macdonald (avec un intermède libéral de 1874 à 1878), se met résolument à l'œuvre. Il construit un réseau de chemins de fer qui, reliant Montréal à Halifax et Vancouver, ouvre toutes les provinces à la colonisation et à l'expansion économique. En vingt ans, le Manitoba triple sa population et l'industrie multiplie ses usines. Cependant, l'agriculture – grains et produits laitiers – continue de former la base économique du pays, épaulée par l'exploitation de la forêt et des pêcheries. De 1867 à la fin du siècle, le commerce triple son volume.

Wilfrid Laurier

En 1896, le ministère conservateur tombe sur la question des écoles du Manitoba : l'Église catholique s'en était prise vigoureusement aux autorités du Manitoba qui refusaient des subventions à certaines écoles catholiques parce qu'elles n'entendaient pas se soumettre à un programme limitant la liberté de l'enseignement religieux. Un Canadien français, Wilfrid Laurier, forme alors le ministère libéral « de tous les talents », qui fait admettre un tarif préférentiel avec le Royaume-Uni et lève un contingent de 7 000 volontaires lors de la guerre de l'Angleterre contre les Boers (guerre des Boers).

D'autre part, appliquant une politique franchement autonomiste, Laurier fait reconnaître le droit du Canada de n'être pas lié par les traités anglais, et de réglementer à son gré toute l'immigration, même britannique. Bientôt, une politique active d'immigration fait augmenter la population de 34 % entre 1901 et 1911 (de 5 731 000 à 7 201 000 habitants). Deux nouvelles provinces sont créées : l'Alberta et la Saskatchewan, en 1905. En même temps, Laurier inaugure la construction d'un nouveau chemin de fer transcontinental.

Grande puissance économique

De ces mesures politiques, il résulte une énorme augmentation de production et, partant, de richesse nationale. En 1911, les libéraux sont remplacés au pouvoir par les conservateurs, sous sir Robert Borden.

La Première Guerre mondiale provoque un élan de soutien à la Grande-Bretagne, même au Québec. Sur une population de 8 millions d'habitants, 600 000 prennent les armes, volontaires pour la plupart. À l'issue du conflit, le Canada prend sa place à Versailles et signe le traité de paix : il est devenu une puissance internationale (traité de Versailles).

L'après-guerre, avec ses problèmes économiques, voit surgir, à côté des vieux partis, le groupe agraire ou progressiste, opposé à la politique industrielle des conservateurs. Aux élections de 1921, qui établissent le suffrage féminin, le parti libéral revient au pouvoir avec Mackenzie King et le garde grâce à l'appui des progressistes. Il recherche de nouveaux marchés d'exportation, encourage l'immigration européenne et réduit les impôts. La hausse du blé engendre des années d'abondance, ce qui attire dans le pays un million d'émigrants. Il s'ensuit un énorme développement des industries forestières, les centrales hydroélectriques et les manufactures se multiplient, et l'industrie minière décuple (nickel, or, amiante et cobalt). Dans l'Ouest s'organisent les grands cartels du blé.

3.2. La crise, les débuts de l'État providence et l'engagement dans la Seconde Guerre mondiale

Le statut de Westminster

Mais la crise de 1929 provoque la faillite de nombreuses entreprises ; la baisse des prix paralyse l'agriculture et ruine les cartels ; les salaires et les revenus s'effondrent, et le chômage gagne les villes et même la campagne. Les élections de 1930 amènent au pouvoir les conservateurs, avec Richard Bennett. La lutte contre le marasme économique s'engage : allocations aux sans-travail, arrêt de l'immigration, relèvement des tarifs et primes aux cultivateurs ; si bien que, malgré des déficits, le Canada peut solder toutes ses obligations au pair et couvrir ses emprunts sans difficulté.

Dans le domaine politique, James Woodsworth crée en 1932 un parti travailliste-agraire sous le nom de Cooperative Commonwealth Federation. La conférence impériale de 1926 reconnaît l'entière indépendance politique du Canada à l'égard de la métropole, en déclarant que la Grande-Bretagne et les dominions sont « des collectivités autonomes de statut égal », formule adoptée et promulguée par le statut de Westminster de 1931. Dès lors, seul signataire de ses traités internationaux, et nommant ses ambassadeurs auprès des autres pays, le Canada ne reconnaît d'autre limite à son indépendance que celle qu'il veut bien admettre afin de maintenir l'intégrité du Commonwealth.

Aux élections de 1935, les libéraux reprennent le pouvoir et s'appliquent à fortifier la situation économique par une augmentation du commerce international, et par des accords avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, notamment par un traité de réciprocité avec ce dernier pays (1938). L'entente cordiale entre les deux nations se transformera en pacte militaire de défense mutuelle, dit accord d'Ogdensburg (18 août 1940).

En guerre contre l'Allemagne nazie

La Seconde Guerre mondiale voit, pour la première fois dans son histoire, le Canada déclarer la guerre à un pays, l'Allemagne. En même temps, le pays convertit bientôt son industrie de paix en une industrie de guerre, qui produit plus de 10 milliards de dollars d'armes et de munitions, y compris des avions, des chars de combats et des navires. De plus, son agriculture transforme le pays en un immense grenier, qui déverse d'énormes quantités de blé et de vivres en Grande-Bretagne, à laquelle il prête, en outre, 700 millions de dollars (1942). Cependant le problème de la conscription a divisé le pays, le Québec la repoussant, alors que les anglophones l'approuvaient.

3.3. La vie politique fédérale pendant les années de croissance (1945-1965)

Après le conflit, le parti libéral, dirigé par Louis Saint-Laurent, Premier ministre à partir de 1948, se maintient au pouvoir jusqu'en juin 1957. Mais, à cette date, des élections donnent la majorité au parti conservateur (Progressive Conservative Party) ; son chef, John George Diefenbaker, devient Premier ministre. En 1949, le Canada s'était agrandi d'une nouvelle province : Terre-Neuve.

En février 1963, Diefenbaker est mis en minorité à la suite de problèmes soulevés par la défense militaire du pays. Les libéraux l'emportent et leur leader, Lester Pearson, devient Premier ministre.

Sur le plan extérieur, le Canada prend part à chacune des opérations de maintien de la paix entreprises par les Nations unies et signe le traité de Moscou sur l'arrêt des essais nucléaires (1963). Les relations avec les États-Unis restent déterminantes, et les deux pays possèdent des vues identiques sur les options fondamentales en matière de politique étrangère (Alliance atlantique). Cependant Ottawa manifeste une indépendance tenace à l'égard de son grand voisin.

Sur le plan constitutionnel, la conférence des Premiers ministres fédéral et provinciaux accepte en octobre 1964 la « formule Fulton-Favreau », prévoyant une modification de la Constitution canadienne : cette formule, après approbation par les provinces, doit transférer du Parlement du Royaume-Uni aux autorités législatives du Canada le pouvoir entier et exclusif de modifier la Constitution du pays. Ainsi le Canada tend à une souveraineté totale dont le symbole est le drapeau national adopté par le Parlement canadien le 15 décembre 1964 et proclamé par la reine le 15 février 1965.

Pour en savoir plus, voir l'article Vie politique depuis 1965.