Grande-Bretagne : population

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

  • Population : 66 834 405 hab. (estimation pour 2019)

La croissance de la population est majoritairement due à l’immigration. Celle-ci, qui se faisait à partir des anciennes colonies (Asie méridionale, Antilles, Afrique), s’est aujourd'hui très fortement accrue de l’apport des nouveaux pays de l’Union européenne. L'émigration, traditionnelle (à la base de l’Empire), n'a cependant pas complètement disparu. L'urbanisation est ancienne et forte : 90 % de la population vit dans les villes. Londres domine de loin le réseau urbain, entraînant la croissance des villes moyennes de tout le sud de l’Angleterre.

La population britannique s'est forgée progressivement au cours des siècles, résultat des invasions successives jusqu'à la conquête normande de 1066 et, dans une moindre mesure, des arrivées de réfugiés, religieux et politiques, à l'époque moderne et contemporaine.

1. Historique du peuplement

1.1. La colonisation romaine

Les premiers habitants identifiés, les Celtes, ont été repoussés par les Romains vers la périphérie occidentale : la Cornouaille, le pays de Galles et le Nord et l'Ouest de l'Écosse. Après les expéditions de Jules César en 55 et 54 avant J.-C., la colonisation romaine est devenue permanente après 43 avant J.-C. et a duré près de cinq siècles. À leur départ définitif, en 409, les Romains avaient peu participé au peuplement, mais fortement à la toponymie (ne serait-ce qu'en donnant un nom à la partie conquise de la grande île : Britannia) car ils avaient tracé des routes, fondé les premières cités (Chester, Gloucester, York et Londres) et construit les fameux murs (Hadrien et Antonin).

1.2. L’avènement des Anglo-Saxons

Si les Romains ont dû repartir, c'est parce qu'ils ne pouvaient plus assurer la sécurité de cette frange de leur Empire soumise aux invasions de populations germaniques et scandinaves : les Angles (d'où Angleterre) ou Saxons (d'où Anglo-Saxons), les Jutes, auxquels allaient succéder plus tard, à partir du viiie s., les Danois. La dernière invasion significative a été celle des Normands, qui allaient constituer la classe dirigeante (et une grande partie de l'aristocratie) pendant des siècles et dont la langue franco-normande allait donner l'anglais en s'intégrant à l'anglo-saxon.

1.3. La population écossaise

En Écosse, l'épisode romain n’a été qu'un épisode sans lendemain, même dans l'espace durablement occupé entre les deux murs d'Hadrien et d'Antonin. Il en a toutefois laissé subsister les termes de Caledonia, le pays des Caledonii ou des Picti, les « hommes peints ».

Au total, à partir du viiie s., l'Écosse est traditionnellement décrite comme partagée entre cinq peuples : les Pictes, les plus anciens et les plus mystérieux, sans doute d'origine celte, au Nord ; les Scots (qui ont donné leur nom au pays et ont apporté leur langue celte, le gaëlique), venus de ce qui est actuellement l'Irlande du Nord et installés dans l'Ouest ; au Sud-Ouest, les Britons, celtes également, mais appartenant à la même famille celtique que les peuples qui occupaient l'Angleterre (Britannia) avant l'invasion romaine et parlant une autre variété de celte, qui allait donner le gallois et notre breton, au Sud-Est, des Anglo-Saxons, d'origine germanique et pas très différents de ceux de Britannia, qui allaient fonder le royaume de Northumbrie de part et d'autre de l'actuelle frontière anglo-écossaise et occuper, à l'apogée de leur domination, une large part des Basses-Terres, enfin, à l'extrême Nord, les Vikings venus de Norvège, qui se sont installés principalement dans les archipels : Shetlands, Orcades et Hébrides.

Pas plus que celui de l'Angleterre, le peuplement de l'Écosse n'a été homogène. Ce sont, en effet, la fusion progressive puis l'histoire commune de ces cinq peuples qui sont à l'origine de la « nation » écossaise.

1.4. La population galloise

Quant à la population galloise, elle a été longtemps la plus homogène puisque essentiellement constituée de celtes Britons parlant gallois ; toutefois, après la révolution industrielle, l'afflux d'ouvriers anglais dans les grands centres urbains et la généralisation de l'enseignement en anglais ont constitué d'importants facteurs d'anglicisation, si bien qu'au tournant du xxe s. on pouvait penser que la langue et la culture galloises étaient en voie d'extinction. Toutefois, l'action de groupes et d'associations culturels, épaulés par la montée d'un fort courant régionaliste, lui-même plus culturel que politique, a permis d'enrayer ce déclin et, aujourd'hui, on peut entendre parler gallois sur plusieurs chaînes de radio et une chaîne de télévision régionale.

Résultat : environ un tiers de la population est bilingue anglais-gallois et une culture galloise très vivante est toujours présente.

1.5. La population irlandaise

L'Irlande a été longtemps ethniquement homogène, puisque peuplée de celtes gaéliques qui, au moment de la Réforme, sont restés fidèles à l'Église catholique ; mais, à partir du xviie s., les gouvernements anglais (sous Henri VIII, Élizabeth Ire et Cromwell notamment) ont encouragé la colonisation des meilleures terres du Nord-est (l'Ulster actuel) par des protestants anglais et des presbytériens écossais qui, pour des raisons religieuses et culturelles, n’ont pas cherché à s'intégrer à la population locale. C'est cette politique qui est à l'origine du conflit nord-irlandais.

1.6. Une terre d’immigration et d’émigration

Après la Glorieuse Révolution de 1688, qui a provoqué la fuite du dernier roi catholique, Jacques II (Jacques VII d'Écosse), la Grande-Bretagne, première monarchie constitutionnelle d'Europe et pays de tolérance, pour les non-catholiques du moins, est devenue terre d'asile pour de nombreux persécutés d'Europe, à cause de leur religion (les Huguenots français après la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, des juifs d'Europe centrale et orientale à toutes les époques et notamment au xixe s.) ou de leurs croyances politiques : aristocrates émigrés pendant la Révolution française, socialistes après l'échec des révolutions de 1848, communards français après 1870, juifs encore dans les années 1930, Polonais ou Hongrois anti-communistes après la Seconde Guerre mondiale et ses suites. Il faut ajouter à cela l'importante immigration irlandaise du xixe s. (pour des raisons essentiellement économiques : chômage, misère et disettes) qui, par l'apport d'une main-d'œuvre peu exigeante, a contribué tant à la révolution industrielle et à l'expansion de villes comme Liverpool et Glasgow. Même si certains apports ont été faibles ou éphémères, ils ont néanmoins contribué à l'ouverture de la société britannique et à une vie culturelle et intellectuelle moins auto-centrée.

Toutefois, jusque dans les années 1950, la Grande-Bretagne est restée un pays d'émigration : de la fin du xviiie s. à la Seconde Guerre mondiale, plus de 16 millions de Britanniques (Irlandais compris) se sont expatriés vers l'Amérique du Nord et l'empire colonial, soulageant quelque peu une pression démographique liée au dépeuplement des campagnes et aux progrès économiques, pression d'autant plus forte que le Royaume-Uni a échappé – jusqu'au xxe s. – aux grandes saignées provoquées par les guerres d'Europe continentale.

1.7. Les tendances récentes

Cette pression démographique s'est accompagnée d'un changement de structure de la population. À la fin du Moyen Âge, la Grande-Bretagne comptait quelque deux millions d'habitants, presque tous ruraux (Londres n'était encore qu'une petite ville de moins de 50 000 habitants). Cette population s'est élevée à six millions au cours du xviiie s. Elle comptait alors encore 80 % de ruraux, bien que la taille de Londres ait été multipliée par dix. La grande bascule démographique des campagnes vers les villes a été provoquée par la réforme agricole (enclosures) qui a entraîné un exode forcé des petits tenanciers, surtout cruel en Écosse (clearances). À la moitié du xixe s., ruraux et citadins s'équilibraient encore, alors que la population globale s'élevait à plus de 16 millions. Un siècle plus tard, plus de 80 % d'une population qui avait plus que triplé (50 millions en 1951) vivaient dans des villes, le plus souvent de grande taille, formant, surtout dans le Nord industriel, d'importantes conurbations.

Aujourd'hui, si la population des campagnes proprement dites s'est stabilisée et si les conurbations n'ont pas disparu, les centres des villes (inner cities) ont vu leurs habitants les plus aisés immigrer vers des zones périurbaines plus confortables (leafy suburbs), sans abandonner leurs emplois et leur mode de vie citadins, créant ainsi d’importants problèmes de transport tout en laissant la place dans les inner cities aux populations moins fortunées, voire défavorisées, comme les immigrants de couleur, à partir des années 1950.

2. La démographie

2.1. Les principaux indicateurs

La population globale du Royaume-Uni est passée de 38 237 000 personnes en 1901 à 50 287 000 en 1951, et à 58 789 194 en 2001, ce qui représente aujourd’hui une densité moyenne, élevée, de 240 habitants par km2 (plus du double de celle la France et une des plus élevées d'Europe). Cette apparente progression linéaire cache cependant des changements de structure profonds.

En 1901, la progression annuelle nette était de 385 000, soit un excédent de 467 000 des naissances (1 0991 000) sur les décès (624 000), moins 82 000 d'émigration nette ; en 2001, cette progression est estimée à 182 000 : 87 000 dus à l'excédent des naissances (701 000) sur les décès (614 000), plus 95 000 d'immigration nette. En 2010, 18 % des Britanniques étaient âgés de moins de quinze ans et 16 % étaient âgés de plus de 65 ans.

C'est la population d'Irlande du Nord qui est la plus jeune. Le pays de Galles sert de terre d'accueil pour les retraités, notamment anglais.

2.2. La question de l'immigration

Après 1950, la Grande-Bretagne, qui était traditionnellement un pays d'émigration, est devenue en quelques années un pays d'immigration. Sous le double effet du plein emploi interne et de la décolonisation, le solde migratoire s'est brusquement retourné, d'autant plus facilement qu'à l'époque un passeport du Commonwealth donnait la même liberté de circulation et les mêmes droits, notamment sociaux, en Grande-Bretagne, qu'un passeport britannique.

A partir de 1962, des lois de plus en plus restrictives ont été votées, limitant puis virtuellement arrêtant les flux migratoires. Le plus important de ces textes est incontestablement le British Nationality Act de 1981 qui, pour la première fois, définissait clairement ce qu'il fallait entendre par citoyen britannique. Il distingue trois catégories : le British national proprement dit, le citoyen des « territoires dépendants » et le citoyen d'outre-mer. Des trois catégories, seule la première donne un droit automatique de résidence et de travail en Grande-Bretagne et, s'il est assez facile de passer de la seconde catégorie à la première, il est beaucoup moins facile de passer de la troisième à la première, étant entendu que le fait d'être né sur le territoire du Royaume-Uni ne donne plus droit automatiquement à la citoyenneté britannique.

L'immigration est principalement en provenance des Antilles, de l'Inde, du Pakistan, du Bangladesh, de Chine (notamment de Hongkong), reflétant ainsi la variété géographique de l'ancien Empire. Comme, en outre, les minorités sont concentrées dans des quartiers précis du nord de Londres ou des grandes villes industrielles du Nord et du Centre de l'Angleterre, comme Birmingham et sa conurbation, Leicester, Leeds, Bradford, Manchester et sa conurbation, ces populations jouent un rôle non négligeable dans la vie politique et électorale locale, et même nationale. Votant très majoritairement pour le parti travailliste, elles lui ont permis de se maintenir quand celui-ci était au plus bas dans les années 1980 et représentent un groupe de pression non négligeable à l'intérieur de ce dernier parti mais aussi à l'extérieur. L'islam joue un rôle important au sein de plusieurs de ces communautés.

2.3. les villes et l'urbanisme

On estime que les neuf-dixièmes des Britanniques ont un mode de vie urbain, les grandes agglomérations n'ayant cessé, dans le seconde moitié du xxe s., de s'approprier de nouveaux espaces ruraux. Seules échappent à ce mouvement de périurbanisation les terres situées au-dessus de 350 m d'altitude, qui ne rassemblent guère plus de 700 000 habitants, et bien sûr les massifs montagneux. La migration des citadins vers les périphéries rurales rend compte de la chute du nombre d'habitants dans la plupart des grandes agglomérations, comme à Londres, où les quartiers centraux se vident peu à peu. Toutefois, la déconcentration des emplois n'a pas suivi au même rythme, ce qui a imposé une amplification constante des migrations journalières entre le domicile et le lieu de travail.

Les plus grandes villes de Grande-Bretagne

Les principales villes de Grande-Bretagne

Ville

Partie de la Grande-Bretagne

Population de la ville (recensement de 2001)

Population de l'agglomération (estimation pour 2010)

Londres

Angleterre

2 765 975 habitants

8 631 000 habitants

Birmingham

Angleterre

977 091 habitants

2 302 000 habitants

Manchester

Angleterre

394 269 habitants

2 253 000 habitants

Glasgow

Écosse

577 869 habitants

1 170 000 habitants

Liverpool

Angleterre

469 017 habitants

819 000 habitants

Sheffield

Angleterre

439 866 habitants

640 720 habitants

Édimbourg

Écosse

448 624 habitants

 

Leeds

Angleterre

443 247 habitants

 

Bristol

Angleterre

420 556 habitants

551 066 habitants

Leicester

Angleterre

330 574 habitants

441 213 habitants

Cardiff

Pays de Galles

305 340 habitants

 

Coventry

Angleterre

303 475 habitants

 

Kingston-upon-Hull

Angleterre

301 416 habitants

 

Bradford

Angleterre

293 717 habitants

 

Nottingham

Angleterre

266 995 habitants

666 358 habitants

Le Royaume-Uni a été une nation pilote en matière d'urbanisme, avec, par exemple, la création des cités-jardins dès le début du xxe s. Entre 1946 et 1971, une trentaine de villes nouvelles ont été créées par l'État pour décongestionner les grandes agglomérations. Pour la plupart, ces dernières sont entourées d'une ceinture verte destinée à maintenir leur identité et à freiner leur étalement incontrôlé.

Depuis 1979, la prise de conscience de l'existence de profondes inégalités sociales entre les quartiers anciens, qui accueillent des populations pauvres et vulnérables, et les espaces périurbains ou suburbains, où trouvent à se loger des familles plus prospères, a conduit le gouvernement à engager une politique de régénération urbaine (programme des Inner Cities). Appliquée dans la plupart des grandes villes, y compris à Londres avec l'opération, certes très controversée, de la reconversion des Docklands, cette politique vise à créer des emplois, à améliorer le cadre de vie et à diversifier la structure sociale des quartiers d'habitation.

2.4. La répartition de la population

L'Angleterre représente 83 % de la population, l'Écosse 8 % , le pays de Galles 4 % et l'Irlande du Nord 2 %, mais la distribution spatiale de la population est extrêmement contrastée. L'Angleterre, avec 49,5 millions d'habitants, a une densité moyenne d'environ 375 habitants par km2, contre 139 au pays de Galles, 119 en Irlande du Nord et 64 en Écosse.

On distingue six grandes zones de concentration démographique :
– autour de Londres, le grand bassin du Sud-Est et le littoral urbanisé de la Manche, de Margate à Bournemouth, regroupent plus de 17 millions de Britanniques ;
– plus au nord, en un croissant qui part des Midlands (Birmingham, Stoke-on-Trent, Leicester, Nottingham), contourne le sud-est des Pennines par Sheffield et Leeds, et rejoint Manchester, la Mersey (Liverpool) et Blackpool, s'égrènent d'anciens foyers miniers et industriels qui rassemblent 18 millions d'habitants ;
– le sud du pays de Galles (vallées houillères, agglomérations côtières autour de Cardiff, de Swansea à la Severn) ;
– le Nord-Est littoral, depuis l'estuaire de la Tyne jusqu'à celui de la Tees ;
– la dépression centrale de l'Écosse, de Glasgow à Dundee ;
– et, enfin, l'est de l'Irlande du Nord (agglomération de Belfast).

Les zones de densités moyennes (30 à 200 habitants par km2) correspondent aux régions rurales :
– au sud, la « vieille Angleterre » pittoresque de la Cornouailles et du Devon, l'Est-Anglie et le Lincolnshire, qui profitent de la déconcentration industrielle et tertiaire de l'agglomération londonienne ;
– au nord, la partie septentrionale du Yorkshire, la région des Lacs, la côte orientale écossaise dopée par la manne pétrolière.

Enfin, les espaces de faible densité (moins de 30 habitants par km2) ne rassemblent que 4 % de la population totale, sur près du tiers de la superficie nationale : les montagnes d'Irlande du Nord, le nord et l'intérieur du pays de Galles, les Highlands d'Écosse (moins de 5 habitants par km2) comptent parmi les régions les moins peuplées d'Europe.

Plus que jamais le monde urbain tranche avec le monde rural. Les évolutions démographiques des quarante dernières années tendent à renforcer le premier au détriment du second (à ceci près que les campagnes proches des grandes agglomérations et conurbations bénéficient du desserrement des unes et des autres) ; parallèlement, elles opèrent des redistributions notables entre agglomérations.

Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de la Grande-Bretagne et activités économiques de la Grande-Bretagne.