économie

Thomas Robert Malthus
Thomas Robert Malthus

Ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives à la production, à la distribution et à la consommation des richesses.

1. L'avènement de la science économique

Les informations économiques sont au premier plan de l'actualité, qu'il s'agisse de la hausse ou de la baisse des indicateurs boursiers, d'un projet de fusion entre deux grandes entreprises ou d'une déclaration ministérielle relative à l'évolution de la fiscalité. À ce titre, l'économie constitue une dimension incontournable du savoir de l'honnête homme du xxie s.

          

Quelques définitions de l'économie



« L'économie politique se propose d'enrichir à la fois le peuple et le souverain. »

Adam Smith (1723-1790), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (
1776).

« L'économie politique enseigne comment se forment, se distribuent et se consomment les richesses qui satisfont aux besoins des sociétés. »

Jean-Baptiste Say (1767-1832), Traité d'économie politique (
1803).

« La science économique est la science de l'administration des ressources rares. »

Raymond Barre (né en 1924), Économie politique (
1997).

Dès le ive s. avant J.-C., le philosophe grec Aristote distingue le politique (de polis, « cité »), discours sur les règles qui organisent la vie de la cité, et l'économique (de oikos, le « domaine familial »), qui désigne, cette fois, les principes présidant à la vie de la famille. L'économique est lié à l'obtention des richesses qui permettent la vie et la prospérité du groupe familial, grâce à la mise en valeur du domaine que celui-ci possède. L'étape suivante est marquée par la naissance de l'« économie politique », qui correspond à l'émergence de l'État-nation, à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes. L'économique ne concerne plus seulement l'organisation familiale, mais s'ouvre à une dimension supérieure : la totalité de la cité, c'est-à-dire l'État. L'économie est donc devenue « politique », selon l'expression d'Antoine de Montchrestien (vers 1575-1621), qui publie en 1615 un Traité de l'économie politique.

À la faveur de l'usage de l'outil mathématique, de l'apparition de la modélisation de la vie économique, de l'abandon de toute référence éthique dans les travaux des économistes, est née la science économique contemporaine. Elle se divise en deux grands domaines : la microéconomie et la macroéconomie. La microéconomie est relative à l'étude des phénomènes économiques que l'on observe au sein des unités économiques de base, telles que les ménages ou les entreprises. La macroéconomie concerne les relations qui unissent l'ensemble des agents économiques et qui constituent un système économique relativement indépendant des comportements individuels.

2. Les agents du système économique

2.1. Les ménages

Un ménage constitue une unité de consommation. Il se compose d'une ou de plusieurs personnes, qui vivent et consomment en commun. On parle de « ménages collectifs » pour désigner la population de certaines institutions (hôpitaux, casernes, internats scolaires). Les ménages ont pour fonction de consommer des biens et des services marchands (réalisés par les entreprises), ainsi que des services collectifs (fournis par les administrations publiques). La comptabilité nationale française classe aussi parmi les ménages les entrepreneurs individuels dont la fonction consiste à produire des biens et des services marchands. Les ménages qui ne dépensent pas la totalité de leur revenu à des fins de consommation sont à l'origine de la formation de l'épargne.

2.2. Les entreprises

Les entreprises ou sociétés non financières sont des agents économiques dont la fonction consiste à produire des biens ou des services afin de les vendre sur le marché. La production des entreprises est considérée comme marchande, puisque l'objectif des propriétaires – ou des dirigeants de la firme pour une société de capitaux – est de dégager un bénéfice ; elles se différencient ainsi des administrations publiques, qui ne recherchent pas le profit. La production des entreprises concerne les ménages, mais aussi les autres agents économiques (entreprises, établissements de crédit, reste du monde).

2.3. Les établissements de crédit

Les établissements de crédit appartiennent au secteur bancaire. Ce dernier comprend une banque centrale (banque « de premier rang ») et des banques commerciales, dites « de second rang ». Ainsi, pour la France, la banque centrale est la Banque de France ; les banques commerciales regroupent toutes les autres banques.

Selon les dispositions de la loi bancaire française de 1984, les établissements de crédit remplissent trois missions par rapport au secteur non bancaire :
– recevoir les dépôts de la clientèle en compte courant ou en compte d'épargne ;
– accorder des crédits aux ménages et aux entreprises ;
– assurer la gestion des moyens de paiement (billets de banque, carnets de chèques, cartes de crédit ou de paiement).

2.4. Les administrations publiques

Les administrations publiques comprennent les administrations centrales – l'État –, les administrations locales, qui correspondent aux collectivités locales (Régions, départements, communes) et les administrations de sécurité sociale. La fonction des administrations publiques est de mettre à la disposition du plus grand nombre des biens et des services non marchands et d‘assurer une fonction de redistribution. Ces biens dits « publics » sont gratuits, tels le réseau routier ou le service public d'éducation nationale. L'accès à certains biens collectifs peut être obtenu moyennant un droit d'entrée, comme dans le cas des musées nationaux ; toutefois, son montant ne doit pas être discriminatoire. La caractéristique essentielle des services collectifs est, en effet, de permettre la démocratisation de certains biens et services dépassant les possibilités financières de ceux qui souhaitent y avoir recours. Pour financer leurs activités, les administrations publiques perçoivent des recettes fiscales (impôts) et des prélèvements sociaux (cotisations).

2.5. Le reste du monde

Le reste du monde englobe les acteurs économiques non résidents, c'est-à-dire les agents économiques extérieurs à l'économie française, par opposition aux agents résidents, dont les activités se font sur le territoire national. Les relations entre les agents résidents et les agents non résidents sont décrites au sein de la balance des paiements, qui recense les opérations sur les biens et les services, ainsi que les opérations financières qui lient l'économie française à celle des autres nations. Dans un cadre normalisé au niveau international, la balance des paiements comptabilise :
– les opérations relatives aux importations et aux exportations de marchandises (matières premières, produits agricoles, biens manufacturés) ;
– les échanges de services (brevets, licences, grands travaux) ;
– les flux de capitaux (entrées et sorties), c'est-à-dire les placements et les investissements français à l'étranger, de même que les placements et les investissements étrangers en France.

3. Les fonctions économiques

Trois fonctions essentielles caractérisent une économie nationale, comme le met en évidence la définition de l'économie politique développée par l'économiste français Jean-Baptiste Say (1767–1832) : la production, la répartition (ou distribution) des richesses, enfin la consommation, but ultime de l'activité économique.

3.1. La production des biens et des services

La production est définie par l'Institut national de la statistique et des études économiques (I.N.S.E.E.) comme l'activité, socialement organisée, qui consiste à créer des biens et des services s'échangeant sur le marché. La production est créée par les entreprises et, très marginalement, par les administrations publiques en ce qui concerne les biens collectifs. Pour les besoins de la production, les chefs d'entreprise se procurent, aux prix du marché, des ressources appelées « facteurs de production » (inputs, ou intrants). Ces derniers comprennent le travail humain et le capital physique ou matériel. L'entrepreneur réalise une combinaison productive associant le travail des hommes et le capital technique, c'est-à-dire les machines et instruments indispensables à la production. De la combinaison productive sont issus les produits (outputs) destinés à la vente sur les marchés.

3.2. La répartition des biens et des services

La répartition est une fonction qui assure la distribution de la production à l'intérieur du système économique, et qui s'intercale entre la production et la consommation. La répartition s'effectue, dans les sociétés modernes, grâce aux revenus monétaires. On distingue deux sortes de revenus : les revenus primaires, qui sont liés à la participation à l'activité économique, et les revenus secondaires, qui découlent du principe de solidarité nationale.

3.2.1. Les revenus primaires

Les revenus primaires rémunèrent les agents qui participent directement à l'activité économique en fournissant leur travail aux entreprises ; en échange de ce travail, les entreprises versent des salaires aux agents productifs. Les revenus primaires rémunèrent également les agents qui participent indirectement à la production en prêtant leurs capitaux aux entreprises, tels les actionnaires, qui perçoivent des dividendes, ou les obligataires, qui reçoivent des intérêts. Les revenus primaires comprennent enfin les revenus mixtes, qui rémunèrent à la fois la possession d'un capital et l'exercice d'une activité professionnelle : ce sont les revenus des artisans, des commerçants, des propriétaires d'entreprise individuelle.

3.2.2. Les revenus secondaires

Dits aussi « revenus sociaux », les revenus secondaires ne sont pas liés à une participation réelle à l'activité productive. Ils relèvent de la généralisation de l'État providence, qui suivit la fin de la Seconde Guerre mondiale, et qui se caractérise par la redistribution des revenus. Cette seconde répartition a pour finalité de réduire les inégalités, de protéger de certains risques sociaux et de permettre l'exercice de la démocratie économique. Les revenus sociaux sont versés par des administrations publiques (allocations familiales, remboursements d'assurance-maladie, pensions de retraite, indemnités de chômage, etc.).

3.3. La consommation des biens et des services

Étape finale de l'activité économique, la consommation est une fonction qui consiste à satisfaire les besoins humains tels qu'ils se manifestent sur le marché. La consommation repose sur l'usage des biens économiques. On spécifie la consommation finale des ménages, à laquelle on peut associer la consommation des services collectifs produits par les administrations publiques.

La consommation finale des ménages renvoie à l'usage des biens et des services marchands achetés par les ménages grâce aux revenus dont ils disposent. On distingue les biens dits « inférieurs » (ou élémentaires), tels que les produits alimentaires, le logement, l'habillement, qui sont indispensables aux individus, et les biens « supérieurs » (ou secondaires), comme certains biens durables (matériels informatiques, automobiles, récepteurs de télévision), dont la consommation ne revêt pas un caractère vital pour les consommateurs.

La consommation des services collectifs renvoie aux biens publics créés par les administrations publiques ; ils sont proposés soit à titre gratuit (service public d'éducation nationale), soit à un prix inférieur aux coûts de production (musées nationaux). Ces services collectifs constituent également un instrument de redistribution.

4. Le circuit économique

Un circuit économique est une représentation des relations qui unissent les différents agents à l'intérieur d'un système économique ; le plus souvent, le circuit s'illustre par un schéma. L'un des premiers à élaborer un circuit économique fut le Français François Quesnay (1694-1774), chef de file de l'école physiocratique. Ce médecin – il soignait Mme de Pompadour – donne une représentation macroéconomique de la France de la seconde moitié du xviiie s. dans son Tableau économique (1758).

Le circuit de François Quesnay souligne les relations entre les fonctions économiques :
1° les dépenses permettent la fonction de production ;
2° la production est à l'origine de la distribution de revenus ;
3° les revenus reçus viennent alimenter les dépenses.

D'autres circuits peuvent décrire les interactions entre agents économiques, par exemple entre les ménages et les entreprises. Les ménages offrent leur travail aux entreprises, qui leur versent un salaire. Les entreprises produisent des biens et des services, qu'elles vendent aux ménages qui les achètent. Ces relations mettent en rapport deux types de flux : les flux réels et les flux monétaires. Dans cet exemple, les flux réels représentent le travail vendu par les ménages ainsi que les biens et services vendus par les entreprises. Les flux monétaires sont constitués par les salaires et les dépenses des ménages.

4.1. La régulation de l'activité économique

4.1.1. Les mécanismes du marché

Dans une économie libérale, ou économie décentralisée, la régulation de l'activité économique est assurée par les mécanismes du marché, qui mettent en relation l'offre et la demande de biens et de services. Ce système de régulation apparaît sur tous les marchés, qu'il s'agisse du marché des facteurs de production (marché du travail, marché des biens d'équipement) ou des marchés relatifs aux biens et services de consommation. Grâce au système des prix, l'économie de marché permet d'atteindre l'équilibre économique entre les quantités offertes par les entreprises et les quantités demandées par les consommateurs. Selon l'Américain Paul Anthony Samuelson (né en 1915), prix Nobel d'économie en 1970, le fonctionnement du marché permet de répondre aux trois questions qui se posent dans tout système économique.

Que produire et en quelle quantité ?

Le marché assure une fonction d'intermédiation entre les producteurs et les acheteurs. Les produits, biens et services, sont présentés aux consommateurs par les réseaux de distribution. Par leurs achats – ou leur abstention d'achat –, les consommateurs sanctionnent, positivement ou négativement, les entreprises. Les consommateurs sont ainsi considérés comme souverains sur le marché. Les entreprises, mois par mois, sont alertées sur les desiderata des consommateurs. Elles doivent alors s'adapter à leurs besoins, en veillant à se conformer à leur pouvoir d'achat et à satisfaire leur exigence de qualité.

Comment produire ?

C'est sur le marché des facteurs de production que les chefs d'entreprise trouvent les ressources humaines (le travail) et les biens d'équipement (le capital technique) qu'ils agenceront dans la combinaison factorielle. Mais les entrepreneurs sont surtout attentifs aux prix des facteurs de production. Cherchant à produire au moindre coût, ils comparent les prix respectifs du travail et du capital.

Pour qui produire ?

Dans une économie marchande, la production est réalisée à l'intention des seuls consommateurs solvables, c'est-à-dire ceux dont le pouvoir d'achat est suffisant pour autoriser la satisfaction de leurs besoins.

4.1.2. L'économie mixte

L'économie de marché rencontre un certain nombre de limites. L'économie peut se trouver en situation d'équilibre entre l'offre et la demande de produits, mais, en même temps, en situation de déséquilibre sur le marché de l'emploi. Les chefs d'entreprise peuvent vouloir des gains à court terme, sans se préoccuper des retombées de leurs stratégies sur l'activité économique à long terme. En outre, la seule satisfaction de la demande solvable risque d'empêcher la satisfaction des besoins essentiels des populations dont le pouvoir d'achat serait insuffisant. Pour toutes ces raisons, la puissance publique est poussée à jouer un rôle dans le cadre d'un système d'économie mixte, qui associe la régulation de l'activité économique par le marché à l'intervention de l'État, garant de l'intérêt général.

L'économiste américain Richard Abel Musgrave expose, dans The Theory of Public Finance (1959), les trois fonctions à la charge de l'État dans le système de l'économie mixte. Ce dernier fut progressivement mis en place dans les pays développés, après la Seconde Guerre mondiale.

La fonction d'affectation

Elle est relative au budget de l'État. Il s'agit de déterminer la structure des prélèvements obligatoires et leur orientation dans le cadre des dépenses publiques, notamment en ce qui concerne la production des biens et des services collectifs.

La fonction de redistribution

Elle permet de substituer aux revenus primaires, issus du marché, une redistribution des revenus permettant la solvabilité des besoins des catégories sociales les moins favorisées. Les revenus de transferts (allocations familiales, indemnités de chômage, R.S.A.), tout en favorisant une démocratisation de la consommation, constituent un instrument de soutien de l'activité économique.

La fonction de régulation

Elle permet d'assurer la réalisation des grands équilibres parallèlement aux mécanismes spontanés du marché. Il s'agit de rechercher la croissance économique la plus élevée possible, le plein-emploi, la stabilité de la monnaie (le moins d'inflation possible) et l'équilibre des échanges avec l'extérieur.

5. Les grands économistes

5.1. Adam Smith (1723-1790)

Fondateur de l'école classique anglaise, de la science économique moderne et du libéralisme économique, Adam Smith analyse les facteurs qui contribuent à la formation des richesses, notamment la division du travail dans l'entreprise et dans l'économie nationale. C'est lui également qui formule les lois du marché. Chaque individu, motivé par la recherche de son intérêt personnel, est poussé, comme par une « main invisible », à répondre aux besoins de la collectivité. Le marché assure alors la régulation de l'activité économique, sans interventionnisme intempestif de la puissance publique. Adam Smith est encore considéré comme le père de la division internationale du travail, en raison de la formulation de sa loi dite « de l'avantage absolu ». Un pays a intérêt à abandonner la production des biens qu'il réalise à coûts plus élevés que l'étranger.

Œuvre principale : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776).

5.2. Thomas Robert Malthus (1766-1834)

Économiste classique britannique, Malthus est surtout connu pour sa loi de la population, dans laquelle il met en relation la croissance de la production agricole et l'augmentation de la population. Les subsistances s'accroissent en proportion arithmétique (1, 2, 3, 4, etc.), alors que la population s'accroît en proportion géométrique (1, 2, 4, 8, etc.). Si les familles ne limitent pas leur descendance, la société tout entière court à sa perte. Aussi conseille-t-il le mariage tardif et la contrainte morale, c'est-à-dire l'abstinence sexuelle pour tous ceux qui n'auraient pas les moyens matériels de faire vivre une famille. Malthus se prononce également contre l'assistance aux populations défavorisées.

Œuvres principales : Essai sur le principe de population (1798) ; Principes d'économie politique (1820).

5.3. Jean-Baptiste Say (1767-1832)

Économiste libéral français, Jean-Baptiste Say est surtout célèbre pour sa « loi des débouchés », par laquelle il explique que les produits s'échangent contre des produits. Le prix d'un produit repose sur les différents coûts de production (achats de matières premières et de biens d'équipement, salaires des travailleurs), auxquels s'ajoute le bénéfice de l'entrepreneur. La réalisation de la production donne ainsi naissance à une distribution de revenus. Les agents bénéficiaires des revenus distribués achètent alors la production présente sur le marché. Dans cette perspective, une crise de surproduction apparaît tout à fait impossible, car les entreprises sont sûres d'écouler leur production.

Œuvres principales : Traité d'économie politique (1803) ; Catéchisme d'économie politique (1815).

5.4. David Ricardo (1772-1823)

Économiste classique britannique, David Ricardo s'inscrit dans le prolongement de la pensée d'Adam Smith. Grand théoricien du libéralisme économique, il est à l'origine d'une loi qui souligne que la valeur d'un bien est déterminée à la fois par le temps de travail et par la valeur des outils utilisés dans la production. Il propose une théorie des échanges internationaux fondée sur les avantages réciproques que chaque nation retire de son commerce extérieur : c'est la fameuse loi dite « des avantages comparatifs ».

Œuvre principale : Des principes d'économie politique et de l'impôt (1817).

5.5. Karl Marx (1818-1883)

Penseur allemand dont l'œuvre relève de l'ensemble des sciences sociales (philosophie, histoire, économie et sociologie), Karl Marx a surtout attaché son nom à la théorie relative à l'évolution historique et à la dynamique du changement social : l'histoire n'est que l'histoire de la lutte des classes. L'évolution des sociétés humaines est déterminée par le conflit qui, à chaque grande période, oppose des classes sociales aux intérêts antagonistes. À l'intérieur du mode de production capitaliste se développent des rapports de production qui sont des rapports d'exploitation : la bourgeoisie exploite la classe ouvrière par l'extorsion de la plus-value. Des antagonismes entre classe dominante et classe dominée naît la lutte des classes, qui doit amener à la disparition du capitalisme et de la classe bourgeoise comme classe dominante. La classe ouvrière, classe dominante du mode de production socialiste, doit permettre l'avènement d'une société sans classes en vue de réaliser le degré supérieur du socialisme, le communisme.

Œuvres principales : Manifeste du parti communiste, avec Engels (1848) ; Contribution à la critique de l'économie politique (1859) ; le Capital (1867-1894).

5.6. Léon Walras (1834-1910)

Économiste français appartenant à l'école néoclassique (école de Lausanne), Léon Walras est à l'origine de la théorie de l'équilibre général. Il considère que la confrontation de l'offre et de la demande aboutit à créer un système de prix qui autorise l'équilibre sur tous les marchés. Les prix sont le fruit d'un tâtonnement progressif qui permet, en fin de transaction, d'équilibrer les quantités demandées et les quantités offertes. Pour donner corps à son propos, Walras compare les mécanismes du marché concurrentiel au rôle du « commissaire priseur », qui, par l'annonce d'un prix de marché, suscite des annonces en termes d'achats et de ventes de la part des agents économiques. On parvient ainsi à une situation d'équilibre, qualifié de « général », car s'appliquant à tous les marchés (marchés des produits, du travail et des capitaux).

Œuvre principale : Éléments d'économie pure (1874-1877).

5.7. John Maynard Keynes (1883-1946)

Économiste britannique dont la pensée a révolutionné l'économie au xxe s., Keynes montre que le chômage est lié à l'insuffisance de la demande effective, c'est-à-dire celle qui émane des ménages (demande de biens de consommation) et celle qui émane des entrepreneurs (demande de biens de production, ou demande d'investissement). Lorsque la demande effective est faible, les chefs d'entreprise n'augmentent pas leur niveau de production et, par conséquent, n'embauchent pas de nouveaux salariés. Contrairement à la théorie libérale du laisser-faire, Keynes préconise l'intervention de l'État par une politique « contra-cyclique » en période de chômage. Par une augmentation des investissements publics (grands travaux), l'État se substitue au secteur privé défaillant afin d'accroître le revenu national, la demande des agents économiques et le niveau de l'emploi.

Œuvres principales : Traité sur la monnaie (1930) ; la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936).

5.8. Joseph Alois Schumpeter (1883-1950)

Économiste autrichien, Schumpeter a développé une théorie de l'entrepreneur, des cycles économiques et de l'innovation. Pour lui, l'entrepreneur est à l'origine de l'innovation conçue comme la réalisation d'un nouveau produit, une nouvelle organisation de la production ou l'extension des débouchés de l'entreprise. Contrairement à Marx, il ne condamne pas le profit, car ce dernier récompense la réussite de l'entrepreneur qui apporte du neuf en matière économique. Cependant, l'introduction de l'innovation provoque des bouleversements au sein des structures économiques. Les innovations qui apparaissent « par grappes » brisent les anciens modes de régulation et les formes traditionnelles de production et de consommation. C'est ainsi que Schumpeter explique les cycles longs repérés par l'économiste russe Kondratiev.

Œuvres principales : Théorie de l'évolution économique (1912) ; Business Cycles (1939) ; Capitalisme, socialisme et démocratie (1942).

5.9. Friedrich August von Hayek (1899-1992)

Économiste libéral autrichien, lauréat du prix Nobel en 1974, von Hayek défend la vision libérale de l'économie et la supériorité de la régulation économique par le marché. Il se prononce résolument contre la théorie keynésienne. Il explique l'inflation, la récession et le chômage par un excès de monnaie à l'intérieur du circuit économique. Une trop forte injection de monnaie a pour conséquence une baisse des taux d'intérêt et une augmentation de l'investissement (surinvestissement), au-delà du niveau de production nécessaire à la satisfaction de la demande des consommateurs.

Œuvres principales : Prix et production (1931) ; la Route de la servitude (1944) ; Droit, législation et liberté (1971).

5.10. Milton Friedman (1912-2006)

Économiste libéral américain, lauréat du prix Nobel en 1976, Milton Friedman est aussi un économiste « monétariste », qui explique l'inflation par une croissance excessive de la masse monétaire. La lutte contre l'inflation passe par le contrôle de la création de monnaie et par l'équilibre du budget de l'État. Friedman s'attaque aux politiques économiques d'inspiration keynésienne, conçues pour lutter contre le chômage. Ces politiques, généralement inflationnistes, ne réduiraient pas le chômage, dans la mesure où il existe un chômage naturel réputé incompressible, car lié aux structures du marché du travail (insuffisance de l'information sur les emplois disponibles, lobbys syndicaux, salaire minimum).

Œuvres principales : Histoire monétaire des États-Unis (1963) ; Inflation et systèmes monétaires (1976).