Suisse : activités économiques

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L'actuelle prospérité de la Suisse se rattache à la tradition commerciale et à la neutralité politique, propices à une activité financière réputée. L'industrie, liée à la présence de capitaux et à la qualité de la main-d'œuvre, est représentée par la métallurgie de transformation, la chimie, l'agroalimentaire (qui valorise la production laitière résultant du développement de l'élevage bovin). Le tertiaire est dominé par le secteur bancaire, les activités des nombreux sièges de sociétés et d'organisations internationales et le tourisme (principale ressource de la montagne, avec l'élevage, et loin devant la production d'hydroélectricité). La balance commerciale est équilibrée (la majorité des échanges se faisant avec l'Union européenne), la monnaie reste forte et le chômage encore réduit.

1. L'agriculture et l'élevage

Après avoir rassemblé à la fin du xixes. près de 40 % de la population active, le secteur agricole n'en représente plus que 5,5 %. Passée au libre-échangisme dans la seconde moitié du xixe s., la Suisse a senti lors des deux guerres mondiales le danger de sa dépendance, outre l'exiguïté de sa surface agricole utile, qui ne couvre que le quart du pays. Depuis le plan Wahlen de « bataille agricole » (1939-1945), le gouvernement pratique une politique d'intervention : contingentement des importations (légumes, fruits) et de la production (lait), soutien des prix, subventions aux régions d'agriculture difficile (montagne), protection de la forêt. Malgré ce protectionnisme, source de complications pour une éventuelle intégration à l'Union européenne et responsable de coûts de la vie élevés, l'agriculture suisse vit une période difficile. Les exploitations sont petites et le terrain est cher, ce qui amplifie un exode rural déjà soutenu. Cependant, la Suisse, grand pays d'élevage, se place au deuxième rang pour le rendement laitier en Europe, après les Pays-Bas. Les fromages suisses (gruyère, emmenthal, tilsit) sont réputés. Ce sont les cantons de Berne, de Lucerne et de Zurich qui comptent le plus grand nombre de bovins. Le vignoble, essentiellement le long de l'arc lémanique, au Tessin et en Valais, est connu pour ses vins blancs (cépages chasselas) et rouges (cépages pinot, gamay et merlot). Quant au Mittelland, aux exploitations très mécanisées et à haut rendement, il donne des betteraves à sucre, du blé, des pommes de terre et tous les produits de base dont le pays aurait besoin en cas de crise. L'arboriculture – qui fournit poires, pommes, abricots, cerises et pruneaux – concerne la plupart des cantons situés à faible altitude.

2. Ressources minérales et énergétiques

La Suisse est pauvre en ressources minérales, les mines des Alpes ayant été progressivement abandonnées. Seuls les calcaires constituent une matière première en quantité notable.

La production d'hydroélectricité joue un rôle essentiel. Elle repose sur de grands ouvrages réalisés, notamment, dans les Grisons, l'Oberland bernois et, surtout, dans le Valais (barrages de la Grande Dixence et de Mauvoisin…). Elle a été complétée par la construction de centrales nucléaires, en Argovie (à Beznau, près de Döttingen, et à Leibstadt), près de Soleure (à Gösgen) et près de Berne (à Mühleberg). L'hostilité franche de certains cantons à toute extension du programme nucléaire (à Genève, cette sensibilité visait aussi la centrale française de Creys-Malville) et les imposantes manifestations des années 1980 ont entraîné l'abandon du site de Kaiseraugst (en Argovie). La Suisse comble ses déficits saisonniers en matière d'électricité par des échanges (notamment avec E.D.F. ou des réseaux allemands).

Le pétrole (en provenance, essentiellement, du Nigeria, de la Libye et de l'Algérie) constitue 60 % des importations de matières premières énergétiques. Acheminé par bateau, via le port fluvial de Bâle, ou par oléoducs, il est traité par trois grandes raffineries (à Cressier, dans le canon de Neuchâtel, à Collombey, dans la vallée du Rhône, et à Sennwald). La raffinerie de Cressier est alimentée par un oléoduc venant de Lavéra, celle de Collombey par celui qui vient de Gênes.

3. L'industrie

La Suisse est l'un des pays les plus industrialisés d'Europe. Les industries suisses sont très spécialisées et tournées vers l'exportation. Elles ont connu des mutations importantes, entraînant la réduction rapide de l'emploi industriel. Bon nombre d'entreprises ont une envergure mondiale, comme Novartis (né de la fusion de Ciba-Geigy et Sandoz) et Hoffmann-La Roche pour la chimie et l'industrie pharmaceutique, activités de pointe reposant sur d'importants centres de recherche, qui sont dominantes dans la région bâloise. La réputation des puissantes sociétés agroalimentaires, Nestlé, basée à Vevey, et Jacobs-Suchard en tête, n'est plus à faire ; c'est d'ailleurs de l'importance de ces firmes, souvent contestées (comme Nestlé), qu'est née l'image d'une Suisse dominatrice, imposant ses modes de consommation. Les grandes entreprises de machines et métaux sont elles aussi prospères (Asea-Brown Boveri, Sulzer). Baden est le siège du premier groupe mondial d'électromécanique. Mais la Suisse brille surtout grâce aux noms de ses firmes horlogères traditionnelles comme Tissot, Longines et Rolex, sans oublier les produits nouveaux comme la Swatch, adaptation réussie face à la concurrence japonaise. L'industrie horlogère, venue du Jura, s'est concentrée dans la région de Soleure et, surtout, à Bienne, ville bilingue située en bordure du Jura bernois. Après une chute qui a épargné, toutefois, la production « haut de gamme », ce dernier a renoué avec la croissance, notamment à l'exportation. Le secteur des textiles (coton et synthétiques), implanté principalement dans le Nord et le Nord-Est jusqu'à Saint-Gall et le canton montagneux de Glaris, poursuit son déclin. L'industrie de l'aluminium se relève d'une longue crise de restructuration tandis que le secteur machines-appareils-matériel roulant, grande spécialité suisse, présente dans toutes les agglomérations de la Suisse moyenne, reste tributaire des commandes extérieures. Si la Suisse ne compte que pour moins de 0,1 % de la population mondiale, elle exporte 1,4 % des produits manufacturés dans le monde et en importe plus de 1,5 %.

4. Les services

4.1. Le secteur bancaire

Le secteur tertiaire représente près de 69 % de la population active employée. La Suisse est un important prestataire de services. C'est d'abord une place financière (notamment Zurich, Bâle et Genève, ces deux dernières dominant une active région transfrontalière), rendue particulièrement attractive par son secret bancaire, qui peut cependant être levé pour les besoins de la procédure pénale. Les assurances et les réassurances jouissent également d'une grande réputation (les Suisses détiennent le record du peuple le mieux assuré du monde !). Une grande partie des activités de services se déroule hors des frontières. Grâce au solde positif de la balance des paiements et à la rigueur du contrôle monétaire, le franc suisse est une monnaie solide. Mais cette réputation monétaire ne va pas sans son lot d'inconvénients, à commencer par la cherté des produits et des services. Le tourisme et le commerce en subissent parfois les contrecoups.

L'adaptation à la concurrence et les restructurations (un établissement bancaire sur trois a disparu ; la plupart des banques cantonales se sont regroupées ou ont changé de statut) ont eu un coût social important. Elles permettent à la place financière suisse de conserver son rang et d'affronter l'euro. Les trois grands groupes suisses à dimension internationale ont acquis des sociétés américaines ou européennes et conclu des accords en Asie.

4.2. Le tourisme

Dans le domaine touristique, l'identité suisse repose sur une série d'images de paysages montagnards (comme ceux du Cervin et du mont Rose) et urbains. Initié dès le xixes., le tourisme est à l'origine de la formation de plus de 6 % du produit intérieur brut (P.I.B.), et sa filière dépasse 30 % de l'emploi total dans certains cantons (Valais, Grisons). La Suisse a reçu en 2010 plus de 8 millions de visiteurs. L'hôtellerie suisse, confortée par ses écoles hôtelières (celles de Lausanne et de Glion), a acquis une réputation internationale. Le tourisme lacustre des rivières lémaniques et tessinoises a été progressivement complété par les séjours urbains (Genève, Berne, Lucerne) puis par un tourisme montagnard. Les stations de Saint-Moritz, Davos (dans les Grisons), Gstaad et Grindelwald (dans le canton de Berne), Crans-Montana, Zermatt, Saas Fee (dans le Valais) comptent parmi les plus réputées du monde. Lieux de détente, de colloques internationaux, de pratiques sportives, ces centres renouvellent en permanence leur image pour conserver leur attrait.

5. Les sites de Suisse classés à l'Unesco

Plusieurs sites de Suisse sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :
– Saint-Gall : l'abbaye ;
– Müstair : couvent bénédictin Saint-Jean-des-Sœurs ;

–  Berne : la vieille ville ;
– Bellinzona : trois châteaux, muraille et remparts ;
– La Chaux-de-Fonds – Le Locle : urbanisme horloger ;
– Monte San Giorgio ;

–  Lavaux : vignoble en terrasses ;
– sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes ;
– Jungfrau ;
– glacier d'Aletsch ;

– Chemin de fer rhétique dans les paysages de l’Albula et de la Bernina
– Sardona : haut lieu tectonique.

Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de la Suisse et population de la Suisse.