Tunisie : géographie physique

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1. Le climat et l'hydrographie

La Tunisie est le plus oriental des trois pays du Maghreb. Les trois quarts du territoire sont empreints d'aridité (le Sud, qui reçoit moins de 100 mm d'eau) ou de semi-aridité (le Centre). Seul le quart septentrional est plus arrosé, surtout les montagnes proches de la mer, sur lesquelles tombent entre 500 et 1 500 mm de pluies par an. Le climat est de type méditerranéen, caractérisé par l'alternance entre une saison sèche et chaude, l'été, et une saison fraîche et humide : les pluies arrivent en septembre et cessent en juin. L'éloignement de la Méditerranée accentue les rigueurs de l'hiver, tandis que, du nord vers le sud et de l'ouest vers l'est, s'accroît l'aridité. En outre, les chaînes telliennes qui se rejoignent en Tunisie forment un réseau complexe de reliefs fragmentés et contrastés où s'opposent des plaines aux surfaces réduites, des bassins intérieurs et des « djebels » (montagnes) rarement très étendus, mais presque toujours très élevés.

Ce régime climatique influe sur celui des eaux ; en zone tellienne, la plus arrosée, les cours d'eau ont des crues, parfois dévastatrices en saison humide, surtout en automne, et sont à sec, ou presque, en été. Au centre du pays, les eaux de surface atteignent très rarement la mer : c'est le domaine de l'endoréisme. Au sud, c'est celui de l'aréisme : l'écoulement superficiel est exceptionnel ; toutefois, dans le Djérid, la pauvreté des eaux de surface est compensée par la relative richesse du sous-sol en nappes captives qui alimentent les oasis et les chotts.

2. Le relief

2.1. La plaine côtière

Autour de Tunis, jusqu'à la péninsule du cap Bon, la plaine côtière forme une riche région agricole – vergers et vignobles (précipitations annuelles moyennes de 400 mm) – dont la production est exportée par le port de La Goulette.

Région de plaines et de collines, la Tunisie littorale, ou Sahel, s'étend depuis la péninsule du cap Bon jusqu'au Sahel de Sfax. L'ensoleillement et des précipitations modérées (500 mm) font de cette région une riche région agricole (oliveraies). Résultant d'une submersion récente, la côte, basse à partir du cap Bon, se caractérise localement par la présence de tombolos (Monastir, Teboulba) et de lagunes saumâtres, logées au pied de dunes fossiles quaternaires (Hergla, Moknine, Zarzis), isolées par de belles plages.

À Gabès, au sud de Sfax, le total annuel des précipitations n'est plus que de 172 mm, pour une température moyenne annuelle de 19,5 °C, avec un maxima de 28 °C en août.

2.2. Le Nord intérieur

Au nord de la vallée de la Medjerda, la Tunisie humide des Mogods et de la Kroumirie (djabal al-Khmir) élève à 700-900 m d'altitude des montagnes aux plissements complexes de flysch gréseux et marneux, qu'entaillent les ravinements d'une érosion très active. Les précipitations annuelles atteignent 900 mm ; en hiver, les températures descendent jusqu'à – 5 °C. Couverte de forêts et de maquis de chênes-lièges et de chênes zéens, cette région, d'accès difficile, est peu peuplée. Isolé de l'intérieur, le littoral du nord de la Tunisie n'a pas fixé les activités portuaires, sauf à Tabarka, très modeste ville proche de la frontière algérienne.

Au centre, le sillon de la Medjerda et de ses annexes introduit un chapelet de plaines plus fertiles au cœur de la Tunisie. Sous un climat encore assez humide, l'agriculture dispose de terres noires, les plus fertiles de la Tunisie, pour les cultures de blé et d'orge, de riches parcours pour les ovins et les bovins, de quelques terroirs favorables à la vigne ou à l'olivier. La ville de Béja était déjà un marché du blé important au temps de l'occupation romaine. Ce sillon, en fait assez discontinu, prolonge dans l'intérieur les qualités de la Tunisie maritime. Les petites villes animées par les souks y sont nombreuses au contact de populations très diversifiées. Le passage de la voie ferrée et de la route vers l'Algérie souligne encore l'intérêt de cette situation.

Plus au sud, le haut Tell et la Dorsale opposent au contraire à la mise en valeur un relief plus âpre et un climat plus rude. La Dorsale, constituée par les monts de Tébessa, s'étire depuis la frontière algérienne jusqu'au cap Bon. Elle aligne du sud-ouest vers le nord-est des dômes alternant avec des cuvettes, dépressions d'érosion dans les marnes et les argiles ou de subsidence remplies de dépôts quaternaires. Ces reliefs sont dominés par une série de chaînons calcaires aux altitudes absolues assez réduites, mais aux dénivellations très vigoureuses : le djebel Zaghouan (1 295 m), le djebel Serdj, le djebel Bargou et le djebel Chambi (1 544 m), point culminant de la Tunisie. L'altitude moyenne est de 700 m. La forêt claire de chênes verts et de pins d'Alep en couvre la partie occidentale, alors que le lentisque, associé souvent au chêne kermès, en couvre la partie orientale. Le climat oppose les rudesses combinées d'un hiver froid et pluvieux et d'un été chaud et très sec. Aussi la colonisation n'a-t-elle pénétré que très marginalement dans ce monde difficile, où des nomades sédentarisés pratiquent une agriculture extensive sur la base « blé dur-orge-moutons », tandis que quelques vieux villages de sédentaires perchés dans des replis montagnards perpétuent une arboriculture un peu plus intensive. Toutefois, une série de barrages, construits dans les années 1980, régularisent les crues et permettent l'irrigation.

2.3. Le Sud tunisien

Au sud de la Dorsale, les horizons s'élargissent en de vastes plateaux qui se prolongent jusqu'à la mer. Les densités de population diminuent encore. Les forêts et les buissons de pins d'Alep et de chênes verts disparaissent complètement, laissant place au tapis ras de la steppe à alfa. Sous les rudes conditions de l'aridité, c'est déjà le Sud. À Gafsa, à 314 m d'altitude, le total annuel des précipitations n'est plus que de 152 mm et la température moyenne annuelle s'élève à 19,4 °C, pour des moyennes de 30 °C en juillet et août.

Immédiatement au sud de cette région, commence la zone désertique. Celle-ci est formée d'abord par la large dépression des chotts el-Gharsa (– 23 m), el-Djérid et el-Fedjedji (– 16 m), où se développent des steppes à salsolacées. Au sud, le désert est partagé entre des hamadas (djebel Nefzaoua, dont le revers descend doucement vers le Sahara), des regs et l'extrémité du Grand Erg oriental, à l'extrême sud. Elle se relève vers le sud-est, où le plateau du Dahar atteint une altitude qui varie entre 608 m et 715 m ; ce plateau s'achève à l'est par une cuesta dont le front domine la plaine côtière de la Djeffara. Dans les secteurs ensablés dominent les plantes psammophytes. Dans les oasis, on pratique une arboriculture souvent intensive. Les curieux villages enterrés du massif des Matmata, les palmeraies de Tozeur et de Nefta, au nord du chotts el-Djérid, et de l'île de Djerba ont misé sur le tourisme.

3. La faune

Les lions – prisés dans l'Antiquité par les Romains pour les jeux du cirque – les léopards, les ours, les éléphants et les autruches ont disparu depuis longtemps. On rencontre cependant encore nombre de représentants de la faune sauvage : sangliers, fennecs, gazelles, antilopes, renards, mangoustes, mouflons, porcs-épics, gerboises et une multitude de batraciens et de reptiles. Située sur le parcours d'oiseaux migrateurs, notamment des flamants, la Tunisie est particulièrement riche sur le plan ornithologique (aigles, éperviers, faucons, busards, vautours...).

Pour en savoir plus, voir les articles population de la Tunisie et activités économiques de la Tunisie.