espèce

(latin species)

Lionne et lionceau.
Lionne et lionceau.

Ensemble d'individus animaux ou végétaux, vivants ou fossiles, à la fois semblables par leurs formes adultes et embryonnaires et par leur génotype, vivant au contact les uns des autres, s'accouplant exclusivement les uns aux autres et demeurant indéfiniment féconds entre eux.

BIOLOGIE

Aux yeux des premiers grands classificateurs du monde vivant, Dieu a créé chaque espèce séparément en vue d'une éternelle fixité : « Les espèces sont aussi nombreuses que l'Être infini produisit, dès l'origine, de formes diverses » (Linné, 1738). Pour les différencier, on leur attribue alors un nom générique commun, suivi pour chacune d'un nom spécifique distinct. C'est la « nomenclature binominale », instituée par Carl von Linné. (→ classification.) Le critère de l'espèce est alors l'identité des générations successives, telle que l'exprime Georges Cuvier : « L'espèce est une collection de tous les êtres organisés nés les uns des autres ou de parents communs, et de ceux qui leur ressemblent autant qu'ils se ressemblent entre eux. » Pour Buffon, le critère de l'espèce est « la succession constante des individus par la génération ». Mais les premiers évolutionnistes réagissent contre cette conception de l'espèce : « Je considère le terme d'espèce comme arbitrairement donné par pure commodité… » écrit Charles Darwin (→ évolution).

Au xxe s., les définitions de l'espèce deviennent souvent négatives : « Toute espèce est isolée des autres espèces au point de vue de la reproduction » (Ernst Mayr, 1942) – en d’autres termes, l’espèce est composée d’individus interféconds, et dont la descendance est féconde, alors que les membres d’espèces différentes sont stériles entre eux, ou bien produisent des hybrides stériles –, et l'on s'intéresse surtout aux conditions de la spéciation, c'est-à-dire de l'apparition d'une nouvelle espèce, tandis que les critères génétiques dominent la recherche. On divise éventuellement l'espèce en sous-espèces, variétés ou races, mais ces subdivisions sont généralement interfécondes. L'amixie reste bien la frontière entre les espèces.